Je suis né en 1944, donc je suis un peu trop jeune pour avoir vu circuler des tanks sur le fameux chemin des tanks. Mais je suis allé enfant (à 6 ou 7 ans) dans ce chemin mystérieux au-delà du "bois des pères".
Voici ce que j'ai appris à propos des tanks fabriqués à Montréal durant les années de guerre. Lors de la débâcle de Dunkerque en 1940, les britanniques ont du laisser sur le continent des milliers de tanks. La fabrication de ces équipements essentiels pour la suite de la guerre a été en partie déplacée au Canada plutôt que de compter uniquement sur les usines de blindés en Grande-Bretagne. À Montréal entre 1941 et 1943 les usines Angus ont produit 1420 tanks de modèle Valentine (livrés presque tous à la Russie).
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Figure 1. Char Valentine photographié gravissant une des pentes près de la rue Sherbrooke (voir la pente B sur la fig. 5 plus bas sur cette page); on voit la rue Sherbrooke en arrière-plan. La source initiale de cette photo est incertaine; c'est une photo promotionnelle pour présenter les capacités du char à l'armée russe. Elle se retrouve sur des sites russe et slovène et canadien. |
De son côté, la cie Montreal Locomotive Works rue Dickson a produit le char RAM. Un nombre total de 1948 tanks y auraient été construits. Ces blindés ont surtout servi à la formation des équipages; aucun tank RAM n'a été utilisé en combat actif en Europe, car les autorités militaires britanniques ont vite estimé que les tanks RAM n'étaient pas de taille à se mesurer aux panzers allemands. Quelques centaines de chars d'assaut sont demeurés au Canada pour l'entrainement des troupes.
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Figure 2. Sur cette photo de 1947, on peut voir que la Montreal Locomotive Works a été temporairement convertie pour la production de tanks et autres blindés. |
Je n'ai jamais vu de tanks circuler sur le chemin des tanks et je n'ai jamais su jusqu'où allait ce chemin vers le nord*; mais je me souviens d'avoir été survolé là une fois par deux jets CF-100 qui volaient en rase-motte (~50 m du sol) dans des vols d'entrainement.
Pour visualiser un peu l'emplacement du chemin des tanks, j'ai utilisé des photos aériennes de 1947 qui le montrent dans toute sa longueur de 3,5 km.
Cliquez en séquence quatre fois sur l'image ci-dessous pour voir l'occupation du sol en 1947 et en 2017:
Cliquez en séquence quatre fois sur l'image ci-dessous pour voir l'occupation du sol en 1947 et en 2017:

Vous noterez que l'ancien tracé du chemin des tanks est impliqué dans beaucoup de structures actuelles: les pyramides Olympiques, la portion oblique de la rue Dickson (en pente montante jusqu'à Rosemont), etc. (photo ci-dessous):
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Figure 4. Le tracé complet du chemin des tanks. |
Le chemin des tanks s'étendait vers le nord jusqu'à l'emplacement actuel du boulevard Langelier et de la 40. Ce chemin d'entrainement et/ou d'essai des chars d'assaut se terminait à ses deux extrémités par une boucle de 350 pieds (106 m) de diamètre. Quelqu'un d'entre vous a-t-il en mémoire ces deux ronds-points?
Dans un mémoire de maitrise à l'université Concordia sur l'histoire du char d'assaut RAM construit à Montréal, l'auteur indique que des terrains ont été expropriés pour faire un terrain d'entrainement. Après la guerre les terrains expropriés ont été restitués en 1945 à leurs propriétaires d'origine. Le texte ne donne cependant pas de précision sur l'emplacement de ces terrains; on ne peut que présumer qu'il s'agit du territoire qu'a occupé le chemin des tanks.
Je crois bien que le terrain où se situait le rond-point sud a été rapidement modifié. Je n'ai aucun souvenir d'avoir vu trace de cette partie de chemin en boucle durant les années cinquante à l'emplacement actuel des pyramides olympiques.
Quelqu'un a-t-il pédalé dans la gravelle pour se rendre jusqu'à l'extrémité Nord à 3,5 km plus loin? Moi je n'ai jamais vu que la portion linéaire au bout du boulevard Rosemont.
Autres question pour les ferrés d'histoire, ou pour ceux qui seraient assez anciens pour formuler des réponses:
1- On peut penser que les tanks y ont circulé entre 1941 et 1945, mais peut-être après aussi pour fin d'entrainement; quelqu'un aurait-il des informations plus précises ? On voit des traces larges de roulement sur les photos de 1947, même hors du chemin dédié.
2- Est-ce les tanks de la Montréal Locomotive Works ou ceux des Shop Angus (ou est-ce des deux usines) qui ont circulé sur le chemin des tanks?
3- Le chemin ne va pas jusqu'aux usines; comment les tanks arrivaient-ils jusqu'au chemin des tanks? Transportés par camion plats jusqu'au point d'entrés coin Viau et Sherbrooke, ou roulaient-ils sur la voie publique depuis l'usine? Les premiers résidents de Cité-Jardin en 1942 et 1943 ont certainement dû les entendre.
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N.B. Avez-vous remarqué dans la cinquième photo de la séquence que j'ai placé plus haut qu'on ne voit pas l'ombre d'un quelconque panneau géant, celui que je mentionne dans la question No 1 de la page À solutionner. Ce panneau présent sur la photo de août 1942, on n'en voit aucune trace sur l'image de 1947; il aurait donc été enlevé avant 1947. À noter aussi le bâtiment au coin de Viau et Sherbrooke. Ça semble un bâtiment d'entrée pour le chemin des tanks:
Quelqu'un a-t-il pédalé dans la gravelle pour se rendre jusqu'à l'extrémité Nord à 3,5 km plus loin? Moi je n'ai jamais vu que la portion linéaire au bout du boulevard Rosemont.
Autres question pour les ferrés d'histoire, ou pour ceux qui seraient assez anciens pour formuler des réponses:
1- On peut penser que les tanks y ont circulé entre 1941 et 1945, mais peut-être après aussi pour fin d'entrainement; quelqu'un aurait-il des informations plus précises ? On voit des traces larges de roulement sur les photos de 1947, même hors du chemin dédié.
2- Est-ce les tanks de la Montréal Locomotive Works ou ceux des Shop Angus (ou est-ce des deux usines) qui ont circulé sur le chemin des tanks?
3- Le chemin ne va pas jusqu'aux usines; comment les tanks arrivaient-ils jusqu'au chemin des tanks? Transportés par camion plats jusqu'au point d'entrés coin Viau et Sherbrooke, ou roulaient-ils sur la voie publique depuis l'usine? Les premiers résidents de Cité-Jardin en 1942 et 1943 ont certainement dû les entendre.
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* Paul Lavallée m'écrit le 4 septembre 2017 ceci: " je me souviens du rond point nord, que j'ai découvert à l'adolescence. Je me souviens surtout de la 'côte des tanks' (le bas de la côte l'Assomption qui n'existait pas à l'époque, était un endroit de choix pour voir ces engins) où nous allions regarder les tanks monter cette côte abrupte, dallée de pierres à l'européenne".
et Paul ajoute ceci le 7 septembre: "La rue Des sorbiers est plus proche de la ‘côte des tanks’ que les rues Viau ou Des Maronniers. Arrivé à la Cité Jardin en 1944 , à 3 ans,je ne suis certainement pas allé à cet endroit par mes propres moyens avant la fin de la guerre. Par contre, j’avais 2 frères, de 14 et 19 ans mes aînés, et peut-être aussi mon père, qui ont pu m’y amener avant la fin de la guerre. C’est comme ça, j’imagine, que j’ai vu les tanks grimper cette côte. J’ai revu la côte, par la suite, mais pas les tanks. Je suis certain du dallage, car c’était quelque chose que je n’avais jamais vu.
Il est probable qu’elle ait été située à l’endroit marqué ‘’B’’ sur la photo. En tout cas, c’était la pente avec le plus fort gradient. Cette côte n’était pas longue, mais très abrupte."
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Figure 5. Vue du détail de la portion sud du chemin des tanks, là où il longe la rue Sherbrooke qui est visible tout au bas de la photo. Les symboles << << indiquent les pentes montantes où les tanks s'exerçaient.
J'ai aussi un vague souvenir du dallage de grosses pierres plates sur cette pente; le texte de Paul Lavalléee m'en a fait revenir le souvenir. Si vous avez un grand écran, vous pouvez aller voir l'image montrant l'ensemble du chemin des tanks, dans un assemblage photo que j'ai réalisé: https://grandesimages.blogspot.ca/2017/09/cite-jardin-et-le-chemin-des-tanks-en.html
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N.B. Avez-vous remarqué dans la cinquième photo de la séquence que j'ai placé plus haut qu'on ne voit pas l'ombre d'un quelconque panneau géant, celui que je mentionne dans la question No 1 de la page À solutionner. Ce panneau présent sur la photo de août 1942, on n'en voit aucune trace sur l'image de 1947; il aurait donc été enlevé avant 1947. À noter aussi le bâtiment au coin de Viau et Sherbrooke. Ça semble un bâtiment d'entrée pour le chemin des tanks:
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Figure 6. Cette photo aérienne 1947 a été prise en après-midi; on voit nettement l'ombre projeté pour la bâtiment; si le haut panneau-réclame avait encore été présent, on devrait pouvoir le détecter par son ombre projeté au sol. La boucle du chemin des tanks semble avoir été utilisée en 1947, car la végétation n'a pas du tout commencé à l'estomper. Les traces de roulement sont encore présentes. |

Addendum du 6 septembre 2017: Jacques Angers envoie
ce texte et cette photo: "Je
me souviens du chemin des tanks mais sans avoir vu un tank. J'ai
circulé sur la portion nord avec mon ''hot-rod'' (photo ci-contre) dans les
années 1958-59 environ et ce depuis la rue Lacordaire jusqu'au rond point qui
se trouvait près d'un golf et de ce qui est maintenant Les Galeries d'Anjou.
Je me souviens du bâtiment coin Viau et Sherbrooke, mais il n'y avait
plus de trace d'un chemin."
18 septembre 2022. Don Pedro m'envoie un commentaire intéressant et un lien vers un site qui traite du sujet du chemin des tanks. "Je peux confirmer les dires de M. «Unknown» à l'effet que les chars Valentine circulaient à partir des ateliers Angus en convoi, par la rue Rachel. Mon père demeurait dans une des rares maisons de la rue Bourbonnière à l'époque, et il nous a dit avoir vu ces convois «qui circulaient la nuit avec une escorte militaire, ce qui était très impressionnant, sur la rue Rachel vers un terrain de manœuvre quelque part dans le parc Maisonneuve» (il est possible qu'il en rajoutait un peu pour nous impressionner, nous avions 8-10 ans). Le «quelque part» est intriguant parce que tout étudiant qu'il était, il avait une auto (et des billets de rationnement d'essence) et il est impossible qu'il n'ait pas circulé lui-même sur la rue Sherbrooke à Viau, et voir ce qu'il s'y passait. S'il avait vu quelque chose, il en aurait parlé. C'est pourquoi je pense qu'il devait y avoir une palissade ou une entrave à la vue à partir de la rue Sherbrooke. Autrement, ça aurait été le spectacle du coin, comme le mentionne Paul Lavallée. Ou bien n'était-il pas curieux du tout, car des Valentine, il en avait vu au camp de Petawawa, pendant ses camps d'été du COTC/CÉOC."