mardi 4 août 2020

La Permanence

La Permanence désigne à la fois un concept liée à la nature coopérative de l'origine de Cité-Jardin, et à la fois le lieu physique où il s'est incarné: le bâtiment de la Permanence. Il y a eu deux bâtiments nommés La Permanence.

Le tout premier créé au tout début des travaux de la première rue de Cité-Jardin. C'est à la fois un bureau de chantier et un bureau de promotion du projet pour recruter des nouveaux membres pour l'Union Économique d'Habitation (UEH). Le personnel réduit de l'UEH compte sur l'appui et la participation active des membres et des futurs résidents des maisons en construction. Les médias de l'époque (radio, journaux) font beaucoup de publicité pour ce projet de cité nouvelle. L'UEH et les bénévoles assurent une permanence pour informer les visiteurs et les acheteurs potentiels.  Dans le petit local de la première Permanence, les plans des divers modèles de maisons sont affichés aux murs. Mon père Jacques Durand, comme bien d'autre fait sa part pour ce travail collectif; en plus il prend en charge la couverture photo du chantier, ainsi que le tournage de petits films 8mm.

Cette première Permanence était un petit bâtiment construit sur Rosemont entre la rue Des Marronniers et la future rue Des Plaines. Il a été détruit par un incendie suspect en décembre 1943, alors que des difficultés des dissensions faisaient rage au sein de l'UEH (Union Économique d'Habitation).











La nouvelle Permanence est construite en 1944 au fond de la rue Des Marronniers. C'est un bâtiment beaucoup plus polyvalent qui comporte en plus des bureaux, une salle de réunion, une chapelle, un petit magasin d'alimentation, un local pour la Caisse Populaire, etc. L'usage des locaux s'adaptera au cours des années à d'autres besoins; on y logera notamment les premières classes de l'École Notre-Dame-du-Foyer entre 1947 et 1954.

Cet édifice existe toujours au bout de la rue; il est maintenant utilisé par le centre de réadaptation Gabrielle Major.

lundi 3 août 2020

le jour de l'inauguration, rue Des Marronniers

Jacques Durand, en plus du film, a fait de nombreuses photos durant la journée du 2 août 1942; en voici quelques unes:





au micro: Mgr J.-Conrad Chaumont,  à g: le maire de Mtl Adhémar Raynault, à droite Monsieur J.-Auguste Gosselin président de l'Union Économique d'Habitation


au micro: Mgr J.-Conrad Chaumont, chaises 1er étage du podium de dr à g: le maire de Mtl Adhémar Raynault, Me Sarto Fournier député de Maisonneuve-Rosemont, Cyril James principal de l’univ McGill, le chanoine Raoul Drouin, Taggart Smyth (derrière la dame assise.



Quatre petites filles de la rue des Marronniers habillées en robe portant le motif fleuri de la Ville de Montréal.





samedi 9 septembre 2017

Les trottoirs de bois

 Je pense que les plus anciens résidents se souviennent bien des trottoirs de bois qui permettaient de marcher dans les sentiers sans patauger dans la boue les jours de pluie. Mais vous souvenez-vous qu'en 1947, il y en avait presque partout entre chaque rue? J'apprécierais avoir des témoignage de vos souvenirs les plus précis SVP. J'ai indiqué sur la photo ci-dessous ce que je crois voir comme trottoirs de bois. À vous d'apporter des précisions.
On voit bien en haut à gauche la première rue (des Marronniers) qui possède pour tout son pourtour un vrai trottoir séparé de la rue par une bande de gazon. Ce modèle d'aménagement, de même que la forme parfaitement circulaire du rond-point, n'ont pas été continués dans la construction des autres rues.

Notez aussi que les entrées pour voitures ne sont pas très nombreuses en 1947; celles qui existent aujourd'hui ont été aménagées par après.

Beaucoup de matériaux sont empilés encore en 1947 dans l'emplacement au parc (au centre et au côté droit de l'image). L'étang est bien visible au coin droit du bas.

Sur l'image de 1958, onze ans plus tard, on constate qu'il y a des des entrées de garage et des garages ajoutés. Le boulevard Rosemont est bien plus large. L'étang a disparu pour faire place à une amorce du développement Terrasse Maisonneuve. La pataugeuse est en place dans la parc maintenant clôturé. Les trottoirs de bois sont disparus:


dimanche 3 septembre 2017

Le chemin des tanks

Je suis né en 1944, donc je suis un peu trop jeune pour avoir vu circuler des tanks sur le fameux chemin des tanks. Mais je suis allé enfant (à 6 ou 7 ans) dans ce chemin mystérieux au-delà du "bois des pères".
Voici ce que j'ai appris à propos des tanks fabriqués à Montréal durant les années de guerre. Lors de la débâcle de Dunkerque en 1940, les britanniques ont du laisser sur le continent des milliers de tanks. La fabrication de ces équipements essentiels pour la suite de la guerre a été en partie déplacée au Canada plutôt que de compter uniquement sur les usines de blindés en Grande-Bretagne. À Montréal entre 1941 et 1943 les usines Angus ont produit 1420 tanks de modèle Valentine (livrés presque tous à la Russie).
Figure 1.  Char Valentine photographié gravissant une des pentes près de la rue Sherbrooke (voir la pente B sur la fig. 5 plus bas sur cette page); on voit la rue Sherbrooke en arrière-plan. La source initiale de cette photo est incertaine; c'est une photo promotionnelle pour présenter les capacités du char à l'armée russe. Elle se retrouve sur des sites russe et slovène et canadien.



De son côté, la cie Montreal Locomotive Works rue Dickson a produit le char RAM. Un nombre total de 1948 tanks y auraient été construits. Ces blindés ont surtout servi à la formation des équipages; aucun tank RAM n'a été utilisé en combat actif en Europe, car les autorités militaires britanniques ont vite estimé que les tanks RAM n'étaient pas de taille à se mesurer aux panzers allemands. Quelques centaines de chars d'assaut sont demeurés au Canada pour l'entrainement des troupes.
Figure 2.  Sur cette photo de 1947, on peut voir que la Montreal Locomotive Works a été temporairement convertie pour la production de tanks et autres blindés.


Je n'ai jamais vu de tanks circuler sur le chemin des tanks et je n'ai jamais su jusqu'où allait ce chemin vers le nord*; mais je me souviens d'avoir été survolé là une fois par deux jets CF-100 qui volaient en rase-motte (~50 m du sol) dans des vols d'entrainement.
Pour visualiser un peu l'emplacement du chemin des tanks, j'ai utilisé des photos aériennes de 1947 qui le montrent dans toute sa longueur de 3,5 km.
Cliquez en séquence quatre fois sur l'image ci-dessous pour voir l'occupation du sol en 1947 et en 2017:




Vous noterez que l'ancien tracé du chemin des tanks est impliqué dans beaucoup de structures actuelles: les pyramides Olympiques, la portion oblique de la rue Dickson (en pente montante jusqu'à Rosemont), etc. (photo ci-dessous):
Figure 4.  Le tracé complet du chemin des tanks.


Le chemin des tanks s'étendait vers le nord jusqu'à l'emplacement actuel du boulevard Langelier et de la 40. Ce chemin d'entrainement et/ou d'essai des chars d'assaut se terminait à ses deux extrémités par une boucle de 350 pieds (106 m) de diamètre. Quelqu'un d'entre vous a-t-il en mémoire ces deux ronds-points?

Dans un mémoire de maitrise à l'université Concordia sur l'histoire du char d'assaut RAM construit à Montréal, l'auteur indique que des terrains ont été expropriés pour faire un terrain d'entrainement. Après la guerre les terrains expropriés ont été restitués en 1945 à leurs propriétaires d'origine. Le texte ne donne cependant pas de précision sur l'emplacement de ces terrains; on ne peut que présumer qu'il s'agit du territoire qu'a occupé le chemin des tanks. 

Je crois bien que le terrain où se situait le rond-point sud a été rapidement modifié. Je n'ai aucun souvenir d'avoir vu trace de cette partie de chemin en boucle durant les années cinquante à l'emplacement actuel des pyramides olympiques.

Quelqu'un a-t-il pédalé dans la gravelle pour se rendre jusqu'à l'extrémité Nord à 3,5 km plus loin? Moi je n'ai jamais vu que la portion linéaire au bout du boulevard Rosemont.

Autres question pour les ferrés d'histoire, ou pour ceux qui seraient assez anciens pour formuler des réponses:
1- On peut penser que les tanks y ont circulé entre 1941 et 1945, mais peut-être après aussi pour fin d'entrainement; quelqu'un aurait-il des informations plus précises ? On voit des traces larges de roulement sur les photos de 1947, même hors du chemin dédié.

2- Est-ce les tanks de la Montréal Locomotive Works ou ceux des Shop Angus (ou est-ce des deux usines) qui ont circulé sur le chemin des tanks?

3- Le chemin ne va pas jusqu'aux usines; comment les tanks arrivaient-ils jusqu'au chemin des tanks? Transportés par camion plats jusqu'au point d'entrés coin Viau et Sherbrooke, ou roulaient-ils sur la voie publique depuis l'usine? Les premiers résidents de Cité-Jardin en 1942 et 1943 ont certainement dû les entendre.
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* Paul Lavallée m'écrit le 4 septembre 2017 ceci: " je me souviens du rond point nord, que j'ai découvert à l'adolescence. Je me souviens surtout de la 'côte des tanks' (le bas de la côte l'Assomption qui n'existait pas à l'époque, était un endroit de choix pour voir ces engins) où nous allions regarder les tanks monter cette côte abrupte, dallée de pierres à l'européenne".

  et Paul ajoute ceci le 7 septembre: "La rue Des sorbiers est plus proche de la ‘côte des tanks’ que les rues Viau ou Des Maronniers. Arrivé à la Cité Jardin en 1944 , à 3 ans,je ne suis certainement pas allé à cet endroit par mes propres moyens avant la fin de la guerre. Par contre, j’avais 2 frères, de 14 et 19 ans mes aînés, et peut-être aussi mon père, qui ont pu m’y amener avant la fin de la guerre. C’est comme ça, j’imagine, que j’ai vu les tanks grimper cette côte. J’ai revu la côte, par la suite, mais pas les tanks. Je suis certain du dallage, car c’était quelque chose que je n’avais jamais vu.
Il est probable qu’elle ait été située à l’endroit marqué ‘’B’’ sur la photo. En tout cas, c’était la pente avec le plus fort gradient. Cette côte n’était pas longue, mais très abrupte."
Figure 5. Vue du détail de la portion sud du chemin des tanks, là où il longe la rue Sherbrooke qui est visible tout au bas de la photo. Les  symboles <<   << indiquent les pentes montantes où les tanks s'exerçaient.

J'ai aussi un vague souvenir du dallage de grosses pierres plates sur cette pente; le texte de Paul Lavalléee m'en a fait revenir le souvenir. Si vous avez un grand écran, vous pouvez aller voir l'image montrant l'ensemble du chemin des tanks, dans un assemblage photo que j'ai réalisé:  https://grandesimages.blogspot.ca/2017/09/cite-jardin-et-le-chemin-des-tanks-en.html


N.B. Avez-vous remarqué dans la cinquième photo de la séquence que j'ai placé plus haut qu'on ne voit pas l'ombre d'un quelconque panneau géant, celui que je mentionne dans la question No 1 de la page À solutionner. Ce panneau présent sur la photo de août 1942, on n'en voit aucune trace sur l'image de 1947; il aurait donc été enlevé avant 1947. À noter aussi le bâtiment au coin de Viau et Sherbrooke. Ça semble un bâtiment d'entrée pour le chemin des tanks:
Figure 6. Cette photo aérienne 1947 a été prise en après-midi; on voit nettement l'ombre projeté pour la bâtiment; si le haut panneau-réclame avait encore été présent, on devrait pouvoir le détecter par son ombre projeté au sol. La boucle du chemin des tanks semble avoir été utilisée en 1947, car la végétation n'a pas du tout commencé à l'estomper. Les traces de roulement sont encore présentes.




Addendum du 6 septembre 2017: Jacques Angers envoie ce texte et cette photo: "Je me souviens du chemin des tanks mais sans avoir vu un tank.   J'ai circulé sur la portion nord avec mon ''hot-rod'' (photo ci-contre) dans les années 1958-59 environ et ce depuis la rue Lacordaire jusqu'au rond point qui se trouvait près d'un golf et de ce qui est maintenant Les Galeries d'Anjou.  Je me souviens du bâtiment coin Viau et Sherbrooke, mais il n'y avait plus de trace d'un chemin."

18 septembre 2022. Don Pedro m'envoie un commentaire intéressant et un lien vers un site qui traite du sujet du chemin des tanks"Je peux confirmer les dires de M. «Unknown» à l'effet que les chars Valentine circulaient à partir des ateliers Angus en convoi, par la rue Rachel. Mon père demeurait dans une des rares maisons de la rue Bourbonnière à l'époque, et il nous a dit avoir vu ces convois «qui circulaient la nuit avec une escorte militaire, ce qui était très impressionnant, sur la rue Rachel vers un terrain de manœuvre quelque part dans le parc Maisonneuve» (il est possible qu'il en rajoutait un peu pour nous impressionner, nous avions 8-10 ans). Le «quelque part» est intriguant parce que tout étudiant qu'il était, il avait une auto (et des billets de rationnement d'essence) et il est impossible qu'il n'ait pas circulé lui-même sur la rue Sherbrooke à Viau, et voir ce qu'il s'y passait. S'il avait vu quelque chose, il en aurait parlé. C'est pourquoi je pense qu'il devait y avoir une palissade ou une entrave à la vue à partir de la rue Sherbrooke. Autrement, ça aurait été le spectacle du coin, comme le mentionne Paul Lavallée. Ou bien n'était-il pas curieux du tout, car des Valentine, il en avait vu au camp de Petawawa, pendant ses camps d'été du COTC/CÉOC."