lundi 21 décembre 2020

La côte Morgan

Dans la partie du parc Maisonneuve qui est aujourd'hui le Parc Olympique, il y avait un endroit très fréquenté l'hiver: la côte Morgan avec son remonte-pente mécanique. Un moteur de camion dans une petite cabane et des gros câbles de jute montés sur une série de poulies, qui offrait deux corridors juxtaposés pour des remontées rapides sans aucun délai d'attente. C'était certes très sommaire comme équipement, mais cela permettait un tarif imbattable de seulement 2¢ pour un ticket de remontée.

Ci-contre un film 8mm tourné à l'hiver 1948 par Jacques Durand; les premières séquences à la côte Morgan, suivi par des séquences tournées dans les pentes du golf municipal.

On y voit toute ma famille: ma petite soeur Lucette qui attend patiemment dans la voiture, mon oncle Jean-Louis debout sur la traine sauvage qui mène la descente au grand plaisir des trois enfants (Maryse, Marc, Lucette), et finalement mon visage d'enfant de 4 ans dans la séquence finale du clip. Un court extrait de ce film a récemment (20 janvier 2022 à 18h50) été diffusé au téléjournal de Radio-Canada dans un reportage de Jacques Bissonnet où il mentionne la côte Morgan. 

En 2016 le journal de Montréal a publié une photo des archives de Montréal d’une glissoire au Parc Maisonneuve en indiquant qu’il y en avait à une certaine époque deux; l'image ci-dessous est une photo de la petite glissoire le 15 février 1958:

photo Archives de Montréal



En cherchant dans les archives photos de Montréal, on peut voir d'autres photos prises trois ans plus tôt. Celle-ci date du 20 décembre 1955 ; on y voit deux glissoires côte à côte:





Mon père Jacques Durand a fait des photos d'une grande glissoire en bois qui était sans doute installée au Parc Maisonneuve plusieurs années avant celle photographiée en 1955. C'était peut-être dans les années trente que les photos ci-dessous ont été prises; elles montrent une grande glissoire dont la forme au sommet diffère de celle de 1955. On distingue nettement sur les photos que cette grande glissoire avait au sommet un dispositif de bascule qui devait permettre de lancer de façon synchronisée quatre traines-sauvages






Ce qui est évident, c'est qu'en 1947 deux glissoires, une grande et une petite, existaient toutes les deux côte-à-côte.  Elles sont bien visibles sur les photos aériennes P10-46,47 et 48. J'ai annoté ci-dessous la photo P10-48. Vous remarquerez que la rue Aird se prolongeait jusqu'à Sherbrooke à l'époque.























Sur une autre photo prise à la date du 15 février 1958, on peut voir que la grande glissoire n'est plus là et qu'il ne reste que la petite:


La rue Aird est visible sur cette photo du 20 décembre 1955 dans les archives de Montréal: on voit un camion qui vient d'y tourner depuis l'intersection avec la rue Sherbrooke. Cette rue n'existe plus aujourd'hui. Sur cette photo, la grande glissoire n'a pas la même forme que celle montrée sur les photos plus anciennes.




Une vue sur la rue Aird depuis la grande glissoire (20 décembre 1955)



La rue* était pavée sur toute sa longueur ce qui permettait l'été d'y tenir des compétitions de "boîtes à savon", ces petites voitures bricolées fébrilement tout l'été par les enfants des quartiers voisins. Je n'ai pas de photos de ces courses, mais si vous avez des documents ou des anecdotes qui se rapportent à ces compétitions, faites-les moi parvenir et je les intégrerai au blogue ici.

*Jacques Angers m’apporte les précisions ci-dessous :

 

Notes concernant les boîtes à savon.

Je ne crois pas qu'il y ai eu des courses de boîtes à savon sur la rue Aird !X?

Aux environs de 1950 j'ai participé à une course de boîtes à savon sur la rue Desjardins, c'est une rue à l'est du boulevard Pie IX depuis la rue Sherbrooke jusqu'à la rue Boyce, aujourd'hui la rue Boyce est maintenant la rue Pierre de Coubertin. La compétition était organisée par L'Association des Hommes d'Affaires de l'Est de Montréal, et j'avais bâti mon propre ''bolide''.

En 1978, c'est mon fils Bruno qui participe à une course de boîtes à savon. C'était sur une ''rue'' qui part du chalet du Parc Maisonneuve, passe sous la rue Sherbrooke pour enfin arriver au Stade Olympique. 

Voici quelques photos de 1978.









La carrière Rhéaume, nommée ensuite carrière du Jardin Botanique

La carrière qui existait au coin Pie-IX et Rosemont a été ouverte en 1909 par J. Rhéaume pour extraire des affleurements rocheux à cet endroit, une pierre de très bonne résistance. Elle était très prisée pour construire des rues en macadam, une technique qui donnait des pavages perméables et résistants. Aujourd'hui, on fait de l'asphaltage ce qui rend les rues imperméables. L'atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve relate que l'équipement entièrement électrique permettait d'extraire et concasser 1500 t/jour à cette carrière.

Dans le rapport géologique de TH.Clark 1952. p. 131 on lit: "Le filon-couche de tinguaïte de la rue Masson (photo c-dessous), dur et résistant, a été exploité durant plusieurs années ; cette exploitation est complè- tement abandonnée. En 1939-40, à la carrière de Rosemont, actuellement, propriété du Jardin Botanique, ce filon-couche était exploité, sur une échelle très restreinte, et fournissait de la pierre destinée à certains travaux sur les chemins du Jardin. La tinguaïte de ces carrières, ou 'banc rouge' des mineurs, était autrefois traitée et vendue indépendamment du calcaire et, à cause de sa plus grande dureté, commandait un prix plus élevé. "










Sur la photo ci-dessous, on voit très bien que le banc supérieur est un roc différent des couches en-dessous. C’est le très épais filon-couche de roche dure, une roche ignée nommée tinguaite; c’est un filon-couche très épais qui surmonte les couches calcaires dans le reste de la carrière. On voit très bien qu’il est exploité de façon sélective, car c’est une roche de plus grande qualité et valeur.

La vue pointe vers l’ouest; la ligne de pylônes longeait Pie-IX. On voit au loin l’église St-François-Solano au coin des rues Dandurand et 18e ave:








Atelier CNR

Dans le terrain entre les rues Sherbrooke et Boyce et entre Viau et Lacordaire, on voit sur la photo aérienne de 1947 un atelier d'entretien des locomotives du CN; le nom 'Canadian National Railways' est visible très clairement sur le côté ouest d'une grande structure noire et allongée qui borde les voies. M. Luc Régis nous donne la précision dans un commentaire au bas de cette page, qu'il s'agit d'un grand dépôt de charbon.

Il y a quatre voies à gauche qui se fusionnent pour aboutir à la plateforme tournante. Il y a une locomotive sur la plateforme circulaire, qui se prépare à tourner pour ensuite s'alligner sur une des dix voies qui pénètrent dans l'atelier d'entretien. Le site sert également de lieu pour stationner des convois. On peut compter une dizaine de voies; des trains de deux à dix-sept wagons,  ainsi que quelques wagons isolés, sont à l'arrêt sur ces voies.



Cet atelier a fonctionné au moins jusque dans les années cinquante, car sur la photo aérienne de 1958 (ci-dessous), on voit qu'il y a encore des convois stationnés. La grande réserve de charbon avec l'inscription Canadian National Railways n'est plus là en 1958; la plateforme rotative et son atelier en arc de cercle est par contre toujours bien visible. Il n'est pas certain par contre que l'atelier était encore opérationnel en 1958 Si vous avez des infos, veuillez m'en faire part dans un commentaire:








L'emplacement de cet atelier est aujourd'hui occupé par l'École des Métiers de l'Aérospatiale de Montréal; signe des temps, on est passé des trains aux avions.



mardi 4 août 2020

La Permanence

La Permanence désigne à la fois un concept liée à la nature coopérative de l'origine de Cité-Jardin, et à la fois le lieu physique où il s'est incarné: le bâtiment de la Permanence. Il y a eu deux bâtiments nommés La Permanence.

Le tout premier créé au tout début des travaux de la première rue de Cité-Jardin. C'est à la fois un bureau de chantier et un bureau de promotion du projet pour recruter des nouveaux membres pour l'Union Économique d'Habitation (UEH). Le personnel réduit de l'UEH compte sur l'appui et la participation active des membres et des futurs résidents des maisons en construction. Les médias de l'époque (radio, journaux) font beaucoup de publicité pour ce projet de cité nouvelle. L'UEH et les bénévoles assurent une permanence pour informer les visiteurs et les acheteurs potentiels.  Dans le petit local de la première Permanence, les plans des divers modèles de maisons sont affichés aux murs. Mon père Jacques Durand, comme bien d'autre fait sa part pour ce travail collectif; en plus il prend en charge la couverture photo du chantier, ainsi que le tournage de petits films 8mm.

Cette première Permanence était un petit bâtiment construit sur Rosemont entre la rue Des Marronniers et la future rue Des Plaines. Il a été détruit par un incendie suspect en décembre 1943, alors que des difficultés des dissensions faisaient rage au sein de l'UEH (Union Économique d'Habitation).











La nouvelle Permanence est construite en 1944 au fond de la rue Des Marronniers. C'est un bâtiment beaucoup plus polyvalent qui comporte en plus des bureaux, une salle de réunion, une chapelle, un petit magasin d'alimentation, un local pour la Caisse Populaire, etc. L'usage des locaux s'adaptera au cours des années à d'autres besoins; on y logera notamment les premières classes de l'École Notre-Dame-du-Foyer entre 1947 et 1954.

Cet édifice existe toujours au bout de la rue; il est maintenant utilisé par le centre de réadaptation Gabrielle Major.

lundi 3 août 2020

le jour de l'inauguration, rue Des Marronniers

Jacques Durand, en plus du film, a fait de nombreuses photos durant la journée du 2 août 1942; en voici quelques unes:





au micro: Mgr J.-Conrad Chaumont,  à g: le maire de Mtl Adhémar Raynault, à droite Monsieur J.-Auguste Gosselin président de l'Union Économique d'Habitation


au micro: Mgr J.-Conrad Chaumont, chaises 1er étage du podium de dr à g: le maire de Mtl Adhémar Raynault, Me Sarto Fournier député de Maisonneuve-Rosemont, Cyril James principal de l’univ McGill, le chanoine Raoul Drouin, Taggart Smyth (derrière la dame assise.



Quatre petites filles de la rue des Marronniers habillées en robe portant le motif fleuri de la Ville de Montréal.