mercredi 1 janvier 2116

Un blogue sur la Cité-Jardin

Un blogue sur Cité-Jardin pour et par ceux qui l'ont habité lors de ses premières décennies. Un forum commun pour y partager des souvenirs, des images, des commentaires et même des vidéos. La grande part des films et photos que vous trouverez sur ces pages proviennent des archives photos de Jacques Durand, un des tout premiers résidents de la rue des Marronniers.

Connue sous le nom de la Cité-Jardin du Tricentenaire, car inaugurée le 2 août 1942 lors du 300e anniversaire de Montréal, la Cité-Jardin a célébré ses 75 ans en même temps que le 375e anniversaire de Montréal en 2017. Rappel : il y a eu le samedi 26 août 2017 une belle fête/rencontre au parc Cité-Jardin pour le 75e anniversaire.

Je vous invite tous à m'envoyer vos documents, textes, photos, etc. que vous souhaiteriez partager sur ces pages. Je créerai autant d'onglets en haut de cette page, que nécessaires pour représenter chacune des rues pour lesquelles il y aura quelque chose à afficher.

Si vous ne contribuez pas par des textes et des photos, rappelez-vous que vous pouvez ajouter des commentaires sous chacun des documents de ces pages.

Si certains parmi vous souhaitent participer à la mise en page (si vous connaissez Blogger avec lequel ce site fonctionne), faites-le moi savoir et vous pourrez ainsi comme moi enrichir la présentation du site. Je le souhaite le plus ouvert et le plus collaboratif possible.


Pour me joindre:  Marc Durand   durand.marc@uqam.ca

N.B. Il y a également un site créé en 2004 par l'Association des Résidents de la Cité-Jardin (ARCJ). Ce site est distinct et indépendant de ces pages-ci. Nous vous encourageons à le visiter si vous souhaitez connaître les activités de cette association qui regroupe les résidents actuels de Cité-Jardin. Ne manquez pas d'aller voir la très intéressante liste des documents d'époque (1940 à 1947).































lundi 30 août 2021

Le sentier géologique au Jardin Botanique

J'aime bien marcher au Jardin Botanique au fil des saisons. Ma soeur Monique m'a incité à le fréquenter assidument depuis l'année dernière. La pandémie nous a permis de redécouvrir les parcs et les boisés de Montréal par de longues marches. Au hasard de l'une de ces visites, j'ai aperçu un étrange trépied que j'ai pris au premier abord comme un support pour une grosse branche d'un grand conifère:

En regardant de plus près on découvre que sur le socle où est ancré ce trépied, il y a un repère topographique: BM # 67L001. C'est le petit disque visible dans le coin droit de la photo ci-dessus. Le trépied est en fait un monument en bronze qui représente un théodolite (un instrument d'arpentage). Entre les pieds dans la surface du roc, il y a un rectangle en creux là où à l'origine il devait y avoir une plaque pour identifier ce monument.

Finalement sur le pourtour du bloc qui mesure ~ 3,4m x 2,2m x 0,7m, il y a sept signatures plus ou moins déchiffrables. Elles sont en métal gris; elles ont été en partie vandalisées. Le premier jour j'ai identifié deux des signatures:

W. Logan est un personnage que je connais bien par ma profession d'ingénieur-géologue. C'est le fondateur de la Commission géologique du Canada. William Logan (1798-1875) est surtout un des premiers géologues à entreprendre des relevés cartographiques de la géologie au Canada. Le nom Logan est bien connu au Québec: mont Logan en Gaspésie, rue et parc Logan à Montréal, etc.

La signature J.B. Tyrrell se trouve juste sous le petit disque du repère topographique.




Joseph Burr Tyrrell (1858- 1957) est aussi un géologue bien connu qui a oeuvré à la Commission géologique, notamment pour l'exploration de vastes secteurs à l'ouest de la baie d'Hudson. Comme Logan*, une montagne dans les Rocheuses porte son nom., sans oublier le très célèbre Royal Tyrrell Museum situé à Drumheller en Alberta.

Le site du monument se situe juste en bordure du jardin alpin, lequel est bordé par un sentier mal identifié sur les guides du Jardin botanique. C'est un sentier très intéressant pourtant, car il sert à mettre en valeur 93 blocs de roches et de minerais:



Le sentier date apparemment de quelques décennies, car nous avons remarqué une détérioration avancée des bordures en bois sur lesquelles sont apposées les étiquettes de métal qui identifient les blocs rocheux. Il manque plusieurs de ces identifications:

J'ai contacté le Jardin botanique pour leur demander des précisions sur l'origine de ce petit "jardin géologique" qui ne semble pas répertorié dans leurs publications. Ce que les archives du jardin contiennent (ci-contre) est sommaire, mais éclairant quant à l'origine des pierres: c'est le pavillon du Canada à l'Expo 67.  Par contre, il n'y a aucune mention du monument qui porte les sept signatures. Un poids de 10 tonnes est mentionné et il ne peut s'appliquer qu'à une seule pierre: celle qui forme le socle du monument en forme de théodolite. Cet item proviendrait donc aussi du site de l'Expo 67.

Avec ces informations, ma soeur Monique a retrouvé deux documents datant de 1967 qui montrent le monument et la collection de pierres. On voit qu'il y avait sur le monument deux éléments aujourd'hui absents: la plaque de bronze, ainsi qu'un marteau de prospecteur en bronze également:
https://youtu.be/EOES0WAm5Ro (à la minute 2.40).

À l'Expo, il y avait en plus une magnifique carte du Canada illustrant les diverses régions géologiques par des blocs de pierres de différentes tailles et couleurs: ONF Pavillon du Canada (à la minute 5:24). Cette carte semble bien avoir été détruite lors de la démolition du pavillon du Canada en 1972.

Voilà donc élucidées l'origine et la nature du petit jardin géologique qui existe près du jardin alpin. L'emplacement choisi en 1973 est tout à fait logique, car l'étroite relation entre les minéraux et les plantes, entre la géologie et la botanique, est déjà implicitement illustrée dans le jardin alpin; là les plantes s'enracinent directement dans le milieu minéral et rocheux. Il est heureux que le Jardin botanique ait hérité et préservé cette intéressante collection et l'ait installée au jardin alpin.

Il reste un élément qui par contre semble avoir été laissé pour compte: le monument, lequel est en partie vandalisé. Il mériterait d'être restauré et un peu mieux mis en valeur. L'arbre qui l'a maintenant entièrement recouvert par ses branches, devait être beaucoup plus petit en 1973.

Cette pierre qui doit peser un peu plus de 10 tonnes, pourrait être déplacée si le Jardin botanique préfère laisser l'arbre en place. En déplaçant le monument d'une dizaine de mètres seulement, il aurait un bel emplacement à l'entrée du sentier des pierres et des minerais. La plaque disparue et le marteau pourraient être remplacés.

Ceux qui ont créé ce monument sont aujourd'hui disparus. J'ai fait appel à des collègues à la Commission géologique pour m'aider à identifier les cinq autres noms qui sont sur le bloc sous forme de signatures. Ils ont identifié trois autres noms:



- A.P. Low - Albert Low 1861–1942.  Il a fait une expédition qui dura deux ans (incluant deux hivers) depuis le Lac St-Jean, lac Mistassini, jusqu’à Kujuak. Il a découvert le fer du Labrador. Il explora la rivière Churchill, et revint par la rivière Romaine.



- George Dawson,  a participé au premier relevé pour établir la frontière entre le Canada et les États-Unis au 49ème parallèle. Il a exploré la Colombie-Britanique jusqu’au Yukon et le Klondike. Dawson City fut nommé en son honneur.



 - G.S. Hume qui fut Directeur de la Commission géologique de 1947 à 1950 et cartographe dans les Foothills des Rocheuses. Il y a découvert des lits de charbon.

En même temps que ces trois nouveaux noms identifiés par mes collègues, j'ai moi-même déterminé que l'imposante signature ci-dessous appartenait à Mgr JCK Laflamme:
Joseph Clovis Kemner Laflamme (1849-1910) fut un précurseur dans l'enseignement des sciences. Plusieurs réformes qu'il a proposées et qu'il a lui-même appliquées ne seront en fait intégrées au Québec que deux générations plus tard, après 1920. Beaucoup moins connu que Marie-Victorin, il en est cependant le précurseur. JCK Laflamme était à la fois naturaliste, minéralogiste, et géologue. C'est à titre de géologue qu'il a participé à des congrès géologiques internationaux (Washington en 1891 et St-Petersbourg en 1897). Il est de façon indéniable le premier géologue francophone du Canada. 

La septième et dernière signature à identifier est la plus abimée, car seule les deux premières lettres du nom sont encore en place. Les petits trous et la partie gravée (photo ci-dessous) donnent quelques indices.

Cette énigme a aussi été résolue par ma soeur Monique; elle m'a proposé le nom d'un prospecteur qui a découvert les premiers gisements d'uranium et de radium au Canada: Gilbert A. LaBine. Ce prospecteur autodidacte a été honoré du titre de "Monsieur Uranium" et a il reçu plusieurs nominations honorifiques après la guerre.


Le Jardin Botanique honore déjà des grands noms dans les sciences naturelles par les deux médaillons sur la façade de son édifice principal: Carl Von Linné et Gregor Mendel (ci-dessous):




Je suis très heureux d'apprendre à ceux qui ne le sauraient pas déjà, que le Jardin botanique honore aussi très (trop?) discrètement, cachés sous un arbre du jardin alpin, d'autres grands noms de scientifiques: J.C.K. Laflamme, W.E. Logan, pour n'en nommer parmi les sept inscrits sur le monument que deux qui ont contribué à la science au Québec de façon significative. Ces hommes ont tous été des pionniers à l'époque où les études en sciences naturelles comportaient une pluridisciplinarité obligée: la géologie se faisait en inventoriant aussi la flore, la faune et la géographie, tout cela dans des vastes territoires largement inexplorés.




Et au fait qu'en est-il de la borne géodésique BM 67-L-001 incrustée dans le roc du monument ?  C'est un vrai repère qui figure toujours dans l'inventaire des points géodésiques du Canada.
Évidemment il arrive assez rarement que ces bornes incrustées dans la roche se retrouvent à 6620 mètres de leur position officielle, mais c'est bien ce qui est arrivé dans le cas du BM#67L001. 
Avis donc aux arpenteurs : 
-    ne vous fiez pas à ce repère !
Position du monument sur le site d'Expo 67, en bordure d'un canal maintenant remblayé.




































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* Le mont Logan situé dans le parc Kluane au Yukon est le plus haut sommet au Canada (5959m); c'est un massif de granodiorite dans la chaîne St-Élias. Au Québec il y a aussi un mont Logan d'élévation bien plus modeste (1150m), mais néanmoins le sommet le plus élevé de la région du Bas-St-Laurent; le géologue W. Logan a d'ailleurs été le premier à le gravir en 1844 pour le prospecter. Ce mont Logan des Chic-Chocs est un site géologique de grand intérêt.

N.B. Ce texte est également disponible sur le site   https://jardinbotaniquemtl.blogspot.com

mercredi 3 mars 2021

Les réunions de l'Union Économique d'Habitation (UEH)

Cité-Jardin est née bien avant les premières pelletées de terre de l'automne 1941.  Ceux qui croyaient de tout coeur à ce projet en ont abondamment discuté au cours de réunions survenues à l'Union Économique d'Habitation (UEH) fondée le 30 mars 1940.




Cérémonies religieuses au rond-point

Le rond-point de la rue Des Marronniers était le site des rassemblements religieux, comme la fête-dieu, les processions du mois de Marie, etc. Avant la construction de l'église Notre-Dame-du-Foyer sur la 40e avenue entre Bellechasse et Rosemont, la permanence au bout de la rue Des Marronniers servait aussi de lieu de culte pour la messe quotidienne et dominicale.

Jacques Durand a pris des photos de ces événements qui rassemblaient toute la communauté locale:














L'Église Notre-Dame-du-Foyer a été inaugurée en 1952; la paroisse quant à elle a été crée en 1944.

La construction de l'église et du presbytère en 1951, entre la 40e et la 41e avenue (photo: Jean-Louis Durand)
La construction de l'église et du presbytère en 1951


lundi 21 décembre 2020

La côte Morgan

Dans la partie du parc Maisonneuve qui est aujourd'hui le Parc Olympique, il y avait un endroit très fréquenté l'hiver: la côte Morgan avec son remonte-pente mécanique. Un moteur de camion dans une petite cabane et des gros câbles de jute montés sur une série de poulies, qui offrait deux corridors juxtaposés pour des remontées rapides sans aucun délai d'attente. C'était certes très sommaire comme équipement, mais cela permettait un tarif imbattable de seulement 2¢ pour un ticket de remontée.

Ci-contre un film 8mm tourné à l'hiver 1948 par Jacques Durand; les premières séquences à la côte Morgan, suivi par des séquences tournées dans les pentes du golf municipal.

On y voit toute ma famille: ma petite soeur Lucette qui attend patiemment dans la voiture, mon oncle Jean-Louis debout sur la traine sauvage qui mène la descente au grand plaisir des trois enfants (Maryse, Marc, Lucette), et finalement mon visage d'enfant de 4 ans dans la séquence finale du clip. Un court extrait de ce film a récemment (20 janvier 2022 à 18h50) été diffusé au téléjournal de Radio-Canada dans un reportage de Jacques Bissonnet où il mentionne la côte Morgan. 

En 2016 le journal de Montréal a publié une photo des archives de Montréal d’une glissoire au Parc Maisonneuve en indiquant qu’il y en avait à une certaine époque deux; l'image ci-dessous est une photo de la petite glissoire le 15 février 1958:

photo Archives de Montréal



En cherchant dans les archives photos de Montréal, on peut voir d'autres photos prises trois ans plus tôt. Celle-ci date du 20 décembre 1955 ; on y voit deux glissoires côte à côte:





Mon père Jacques Durand a fait des photos d'une grande glissoire en bois qui était sans doute installée au Parc Maisonneuve plusieurs années avant celle photographiée en 1955. C'était peut-être dans les années trente que les photos ci-dessous ont été prises; elles montrent une grande glissoire dont la forme au sommet diffère de celle de 1955. On distingue nettement sur les photos que cette grande glissoire avait au sommet un dispositif de bascule qui devait permettre de lancer de façon synchronisée quatre traines-sauvages






Ce qui est évident, c'est qu'en 1947 deux glissoires, une grande et une petite, existaient toutes les deux côte-à-côte.  Elles sont bien visibles sur les photos aériennes P10-46,47 et 48. J'ai annoté ci-dessous la photo P10-48. Vous remarquerez que la rue Aird se prolongeait jusqu'à Sherbrooke à l'époque.























Sur une autre photo prise à la date du 15 février 1958, on peut voir que la grande glissoire n'est plus là et qu'il ne reste que la petite:


La rue Aird est visible sur cette photo du 20 décembre 1955 dans les archives de Montréal: on voit un camion qui vient d'y tourner depuis l'intersection avec la rue Sherbrooke. Cette rue n'existe plus aujourd'hui. Sur cette photo, la grande glissoire n'a pas la même forme que celle montrée sur les photos plus anciennes.




Une vue sur la rue Aird depuis la grande glissoire (20 décembre 1955)



La rue* était pavée sur toute sa longueur ce qui permettait l'été d'y tenir des compétitions de "boîtes à savon", ces petites voitures bricolées fébrilement tout l'été par les enfants des quartiers voisins. Je n'ai pas de photos de ces courses, mais si vous avez des documents ou des anecdotes qui se rapportent à ces compétitions, faites-les moi parvenir et je les intégrerai au blogue ici.

*Jacques Angers m’apporte les précisions ci-dessous :

 

Notes concernant les boîtes à savon.

Je ne crois pas qu'il y ai eu des courses de boîtes à savon sur la rue Aird !X?

Aux environs de 1950 j'ai participé à une course de boîtes à savon sur la rue Desjardins, c'est une rue à l'est du boulevard Pie IX depuis la rue Sherbrooke jusqu'à la rue Boyce, aujourd'hui la rue Boyce est maintenant la rue Pierre de Coubertin. La compétition était organisée par L'Association des Hommes d'Affaires de l'Est de Montréal, et j'avais bâti mon propre ''bolide''.

En 1978, c'est mon fils Bruno qui participe à une course de boîtes à savon. C'était sur une ''rue'' qui part du chalet du Parc Maisonneuve, passe sous la rue Sherbrooke pour enfin arriver au Stade Olympique. 

Voici quelques photos de 1978.