J'aime bien marcher au Jardin Botanique au fil des saisons. Ma soeur Monique m'a incité à le fréquenter assidument depuis l'année dernière. La pandémie nous a permis de redécouvrir les parcs et les boisés de Montréal par de longues marches. Au hasard de l'une de ces visites, j'ai aperçu un étrange trépied que j'ai pris au premier abord comme un support pour une grosse branche d'un grand conifère:
Finalement sur le pourtour du bloc qui mesure ~ 3,4m x 2,2m x 0,7m, il y a sept signatures plus ou moins déchiffrables. Elles sont en métal gris; elles ont été en partie vandalisées. Le premier jour j'ai identifié deux des signatures:
Joseph Burr Tyrrell (1858- 1957) est aussi un géologue bien connu qui a oeuvré à la Commission géologique, notamment pour l'exploration de vastes secteurs à l'ouest de la baie d'Hudson. Comme Logan*, une montagne dans les Rocheuses porte son nom., sans oublier le très célèbre Royal Tyrrell Museum situé à Drumheller en Alberta.
Le site du monument se situe juste en bordure du jardin alpin, lequel est bordé par un sentier mal identifié sur les guides du Jardin botanique. C'est un sentier très intéressant pourtant, car il sert à mettre en valeur 93 blocs de roches et de minerais:
https://youtu.be/EOES0WAm5Ro (à la minute 2.40). |
Voilà donc élucidées l'origine et la nature du petit jardin géologique qui existe près du jardin alpin. L'emplacement choisi en 1973 est tout à fait logique, car l'étroite relation entre les minéraux et les plantes, entre la géologie et la botanique, est déjà implicitement illustrée dans le jardin alpin; là les plantes s'enracinent directement dans le milieu minéral et rocheux. Il est heureux que le Jardin botanique ait hérité et préservé cette intéressante collection et l'ait installée au jardin alpin.
Il reste un élément qui par contre semble avoir été laissé pour compte: le monument, lequel est en partie vandalisé. Il mériterait d'être restauré et un peu mieux mis en valeur. L'arbre qui l'a maintenant entièrement recouvert par ses branches, devait être beaucoup plus petit en 1973.
Cette pierre qui doit peser un peu plus de 10 tonnes, pourrait être déplacée si le Jardin botanique préfère laisser l'arbre en place. En déplaçant le monument d'une dizaine de mètres seulement, il aurait un bel emplacement à l'entrée du sentier des pierres et des minerais. La plaque disparue et le marteau pourraient être remplacés.
Ceux qui ont créé ce monument sont aujourd'hui disparus. J'ai fait appel à des collègues à la Commission géologique pour m'aider à identifier les cinq autres noms qui sont sur le bloc sous forme de signatures. Ils ont identifié trois autres noms:
Je suis très heureux d'apprendre à ceux qui ne le sauraient pas déjà, que le Jardin Botanique honore aussi très (trop?) discrètement, cachés sous un arbre du jardin alpin, d'autres grands noms de scientifiques: J.C.K. Laflamme, W.E. Logan, pour n'en nommer, parmi les sept inscrits sur le monument, que deux qui ont contribué à la science au Québec de façon significative. Ces hommes ont tous été des pionniers à l'époque où les études en sciences naturelles comportaient une pluridisciplinarité obligée: la géologie se faisait en inventoriant aussi la flore, la faune et la géographie, tout cela dans des vastes territoires largement inexplorés.
Position du monument sur le site d'Expo 67, en bordure d'un canal maintenant remblayé. |
Lors d'une prochaine visite à Montréal, j'irai certainement voir cette curiosité. Et concernant Logan, tout le monde connaît, ou devrait connaître la faille Logan. Chaque croquis que me faisait mon oncle débutait par cela. Et peut-être n'est-ce pas un hasard si nous en discutions au-dessus même de la faille qui porte son nom, au boulevard de l'Entente à Sillery, près du Cegep FXGarneau, là où se trouvait les anciens bureaux du Ministère des Richesses Naturelles, maintenant devenu le MERN.
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